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La prédation des richesses naturelles congolaises - 3

Written By FODABI on jeudi 1 novembre 2018 | novembre 01, 2018

Le Rwanda a mis au point un système sophistiqué de prélèvement de taxes sur les produits exportés par l’intermédiaire du « Bureau Congo » dont les recettes couvriraient 80 % des dépenses de l’Armée patriotique rwandaise. Des hommes ou femmes d’affaires bien introduits auprès du pouvoir politique donnent une façade de respectabilité à des activités douteuses. 

Une célèbre commerçante de Bukavu, Mme Aziza Kulsum Gulamali, jadis mêlée à des trafics d’armes et de cigarettes, s’est retrouvée promue directrice générale de la Société minière des Grands Lacs (SOMIGL) qui détint un temps un monopole de la commercialisation du coltan. L’ensemble du système est naturellement coiffé par la hiérarchie politico-militaire de Kigali. De la même façon, l’Ouganda a organisé l’exploitation des ressources de la zone qu’il contrôlait. Salim Saleh, demi-frère du président Museveni, est connu pour avoir orchestré les opérations les plus rentables. Les militaires ougandais stationnés au Congo étaient en outre encouragés à vivre sur le pays : l’autofinancement de la guerre allégeait d’autant le budget de la Défense, permettant à l’Ouganda de respecter ses engagements vis-à-vis du FMI.

Le retrait des troupes d’occupation début 2003 met un terme à la
prédation directe, mais il est probable que les Ougandais et les Rwandais ont laissé derrière eux des réseaux destinés à faciliter la poursuite d’opérations commerciales lucratives. La normalisation des relations entre la RDC et ses voisins orientaux devrait néanmoins faciliter le retour à des activités licites en substituant la coopération à la prédation, dans le cadre de l’intégration économique d’un bassin transfrontalier composé de l’est du Congo et de la région des Grands Lacs. C’est sans doute une des conditions de l’instauration d’une paix durable.

La problématique de la Gécamines est d’une tout autre nature que celle concernant le diamant ou le coltan. La relance de l’activité minière au Katanga, quel que soit l’avenir d’une société aujourd’hui moribonde, présuppose en effet une réhabilitation de la voie de transport la moins onéreuse pour l’exportation du minerai de cuivre et des minerais associés. Le domaine minier de la Gécamines contient des réserves abondantes et de qualité, mais l’enclavement et la distance à l’océan représentent de lourds handicaps par rapport à des bassins miniers proches du littoral, comme au Chili. 
Le redémarrage de l’exploitation minière sur une grande échelle est conditionné par la réouverture de la voie ferrée de Benguela, rendue impraticable par la guerre civile en Angola. La récente paix angolaise ouvre ainsi des perspectives de relance que les bonnes relations entre Luanda et Kinshasa devraient favoriser.

Le phénomène des « creuseurs » n’est pas absent du Katanga. En réponse à la crise de la Gécamines (la production de cuivre s’est effondrée de 500 000 tonnes dans les années 1980 à 20 000 tonnes en 2002), des habitants de la zone minière ont entrepris d’exploiter des affleurements superficiels de minerai. On compterait entre 40 000 et 50 000 « artisans », regroupés dans l’Entreprise des mineurs artisanaux du Katanga (EMAK). 
Mais, à côté de cette activité de survie, une reprise de la production industrielle nécessite des capitaux considérables. Rien d’étonnant à ce que la négociation de contrats miniers ait été étroitement mêlée au financement des guerres du Congo. Ces contrats sont en général passés avec des « juniors » qui assument les risques politiques, notamment en traitant avec des rebelles, et revendent leurs avoirs aux multinationales quand, et si, la situation le permet. 

C’est ainsi qu’en 1997, avant que Kabila ait atteint Kinshasa, American
Mineral Fields, société de l’Arkansas, signa des accords miniers à Lubumbashi. Ces accords, signés dans la précipitation, ont été dénoncés par le nouveau maître du Congo, laissant la place à de nouvelles négociations rendues nécessaires par le financement de la deuxième guerre. Le Zimbabween Willy Rautenbach, proche de Mugabe, fut un temps sur les rangs, mais aussi des sociétés sud-africaines, finlandaises et nord-américaines. Parmi elles, le groupe canadien Lundin, autre « junior », s’est proposé pour l’exploitation du riche gisement de cuivre-cobalt de Tenke Fungurume ; il « chauffe la place » en attendant que les conditions soient favorables à une reprise de l’activité minière par un « major ».

La relation du Congo avec ses adversaires ou partenaires africains, et avec le monde, est donc toujours placée sous le signe de l’économie minière. Les enjeux de la guerre comme ceux de la paix en sont profondément affectés.
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