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Les ambiguïtés de la première guerre du Congo

Written By FODABI on jeudi 1 novembre 2018 | novembre 01, 2018

La première guerre du Congo (1996-1997), celle qui s’acheva par la victoire de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre) de Laurent-Désiré Kabila, vit la participation d’acteurs aux objectifs bien différents. Elle partit d’une des régions les plus complexes du Congo que l’arrivée des réfugiés ne pouvait que déstabiliser davantage. 

Alors que dans le passé les guerres intestines au Congo avaient vu l’intervention soit de mercenaires (Bob Denard fut de ceux-là), soit de puissances étrangères à l’Afrique subsaharienne (Belgique, France, Maroc, à l’occasion des tentatives d’invasion du Katanga en 1977 et 1978), les récentes guerres du Congo révèlent une incontestable africanisation des conflits. La piteuse prestation des mercenaires serbes recrutés par Mobutu pour défendre Kisangani illustre ce changement. Seules les armes proviennent de l’extérieur, dernière restriction à l’autonomie des guerres africaines. Mais pour ce qui concerne les combats, les Africains n’ont plus rien à envier aux nations du Nord, tout comme sur les stades.

Le but de la guerre, voulue par le Rwanda et déclenchée en septembre 1996 par l’attaque des camps de réfugiés du Sud-Kivu menée par les Banyamulenge, était, selon les déclarations de responsables politiques rwandais, d’écarter la menace représentée par les camps de réfugiés et de créer un glacis de sécurité à l’ouest du Rwanda. Il n’est pas exclu que certains aient pensé à une annexion territoriale au détriment du Kivu, en rappelant, par exemple, ce qu’était l’extension du royaume du Rwanda en 1896, avant la fixation des frontières coloniales. 

Des cartes historiques montrant les limites du Rwanda.... Mais on sait à quel point l’argument historique est à double tranchant. En l’occurrence, le « grand Rwanda » de la fin du xixe siècle englobait les territoires actuellement ougandais situés entre le lac Edward et le Rwanda : on imagine les conséquences qu’aurait la revendication d’un territoire intégré à l’Ouganda depuis près d’un siècle !

Le principal objectif rwandais de la guerre, la destruction des camps de réfugiés, a été rapidement atteint. À la mi-novembre 1996, sous couvert de l’AFDL, les militaires rwandais les avaient rayés de la carte. En quelques jours entre 600 000 et 800 000 réfugiés avaient regagné le Rwanda. Quant aux 300 000 à 500 000 autres, mis à part une polémique sur les chiffres, on ne saura jamais précisément ce qu’ils sont devenus. 

La majorité d’entre eux, les plus faibles, ont été massacrés par l’AFDL qui paya ainsi sa dette envers le Rwanda, ou sont morts d’épuisement sur les routes de l’exode. Les humanitaires ont été impuissants à enrayer les tueries. Quelques dizaines de milliers d’hommes, militaires et miliciens pour la plupart, ont survécu. Les uns ont réussi à gagner les pays voisins, Congo, Centrafrique, Soudan, ou Angola : soldats perdus prêts à tout pour survivre, tels ceux qui, pour un dollar par jour, s’engagèrent au côté de Sassou Nguesso lors de la guerre de Brazzaville en 1997. Leur dispersion contribue à l’internationalisation de l’insécurité dans l’ensemble de l’Afrique centrale. 

D’autres sont restés dans l’est du Congo, sous la protection de la forêt : anciens militaires des FAR, anciens interahamwe, ils vivent sur le pays au détriment des villageois tout en continuant de mener la lutte armée contre les Rwandais et leurs alliés. Leur désarmement, indispensable dans la perspective d’un retour à la paix et à la sécurité régionales, sera probablement une des missions les plus difficiles à accomplir.

Sur la guerre rwandaise liée à des considérations de sécurité, s’est greffée la guerre de Kabila dont l’intention déclarée était tout autre : il ne s’agissait pas moins que de renverser Mobutu et de s’emparer du pouvoir. L’ambition paraissait insensée eu égard à l’absence de tout moyen d’un homme qui végétait dans son maquis de Fizi depuis l’échec des rébellions lumumbistes de 1964. Toutefois, grâce aux contacts qu’il entretenait avec des leaders politiques d’Afrique de l’Est, notamment le Tanzanien Julius Nyerere, et quelques hommes d’affaires, ce n’était pas un inconnu. Personne pourtant n’aurait parié sur un vieux cheval de retour déjà piètrement jugé par Che Guevara lorsque celui-ci avait séjourné dans son maquis. 

Che Guevara, dans l’intention de créer des foyers révolutionnaires.... Il est probable que Museveni et Kagame, qui en firent leur fondé de pouvoir au Congo-Zaïre, pensaient être en mesure de le contrôler. C’est donc par suite d’une étrange configuration politique qui tenait autant du poker menteur que d’une concordance circonstancielle d’intérêts que Kabila avec l’aide de ses parrains rwandais et ougandais ramassa, plus qu’il ne conquit, un pouvoir que Mobutu, vieux chef mourant, abandonné par ses alliés occidentaux, n’était plus en mesure d’assumer. Au terme de sa longue chevauchée au cours de laquelle il s’efforça de mettre en place les structures du nouveau Congo qui allait effacer le Zaïre, Kabila entra sans rencontrer de résistance dans Kinshasa, ville offerte, prête à tourner la page du mobutisme. Le jour même, 17 mai 1997, il proclamait la République démocratique du Congo, dont il s’autoproclamait président.

Les conditions de son arrivée au pouvoir portaient en germe la deuxième guerre du Congo. En effet, Kabila ne pouvait longtemps rester l’obligé de ses deux parrains de l’Est. Héritier de Lumumba, il en avait gardé une teinture marxiste, et surtout un fort sentiment nationaliste qui lui valut le soutien d’une large fraction de la population congolaise, non seulement dans son Katanga natal (le temps de la sécession étant bien révolu), mais aussi à Kinshasa. Or, ses alliés, principalement les Rwandais, entendaient exercer un magistère sur la politique congolaise et, plus prosaïquement, retirer les bénéfices du soutien qu’ils avaient accordé à l’AFDL. L’occasion était trop belle pour ces pays pauvres de puiser dans les ressources de l’eldorado congolais – au demeurant plus mythique que réel.

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