Les
violences qui se sont déchaînées dans la région de l’Ituri au point de
précipiter l’envoi d’une force multinationale d’urgence au terme d’une
résolution du Conseil de Sécurité du 30 mai 2003 font peser une réelle menace
sur un processus de paix et de normalisation fragile. Tous les ingrédients des
guerres régionales se retrouvent, comme en concentré, dans ce coin Nord-Est du
Congo, frontalier de l’Ouganda,
Voir Congo Crisis : Military Intervention in Ituri,....
Si les violences ont atteint un paroxysme en 2003, la crise est déjà ancienne. Elle superpose un conflit local entre populations hema et lendu, et un conflit régional où s’affrontent l’Ouganda, le Rwanda et le gouvernement de Kinshasa, sur fond de prospection pétrolière qui inscrit l’Ituri dans la géopolitique mondiale. Depuis 1999, les violences se seraient soldées par 50 000 morts et 500 000 déplacés, pour une population de l’Ituri de l’ordre de 3,5 millions d’habitants.
Voir Congo Crisis : Military Intervention in Ituri,....
Si les violences ont atteint un paroxysme en 2003, la crise est déjà ancienne. Elle superpose un conflit local entre populations hema et lendu, et un conflit régional où s’affrontent l’Ouganda, le Rwanda et le gouvernement de Kinshasa, sur fond de prospection pétrolière qui inscrit l’Ituri dans la géopolitique mondiale. Depuis 1999, les violences se seraient soldées par 50 000 morts et 500 000 déplacés, pour une population de l’Ituri de l’ordre de 3,5 millions d’habitants.
Le
conflit a d’abord des racines ethniques, comme dans tous les espaces africains
de forte densité partagés entre différents types d’usagers : c’est un
conflit pour l’accès à la terre et au pouvoir local. Comme au Rwanda et au
Burundi avec les Tutsis, la colonisation avait privilégié les pasteurs
nilotiques hema ; scolarisés dans les écoles catholiques ils avaient
accaparé les fonctions administratives et commerciales tandis que la majorité
lendu fournissait la main-d’œuvre aux entreprises agricoles et minières des
Belges ou des Grecs, très nombreux dans ces régions.
À l’indépendance, une minorité active de Hema s’empara des plantations et des ranchs des colons, consolidant ainsi une domination économique de plus en plus mal vécue par les Lendu. Depuis lors les périodes de tensions interethniques ont été fréquentes, mais c’est en 1999, dans le climat général déstabilisant dû à la guerre, qu’elles ont dégénéré en violences généralisées lorsqu’un homme d’affaires hema tenta d’évincer des familles lendu de leurs terres. Cette première vague de violence fit quelques milliers de morts, et s’accompagna d’un renforcement des milices armées.
Depuis le début des années 1990, la déliquescence de l’État avait conduit les populations à s’organiser en mutuelles d’entraide ; c’est de ces regroupements à base ethnique que sont nées les milices. Circonstance aggravante, d’importantes communautés hema vivent de l’autre côté de la frontière ougandaise, le président Museveni étant lui-même originaire d’un clan hema. Les Hema du Congo pouvaient ainsi compter sur un soutien de leurs « frères » ougandais. Les armes affluèrent donc et une alliance de fait s’établit entre officiers ougandais et notables hema du Congo. Les Lendu quant à eux trouvèrent de l’aide auprès du groupe Nande, riches commerçants de la région de Béni-Butembo, en compétition avec les businessmen hema.
À l’indépendance, une minorité active de Hema s’empara des plantations et des ranchs des colons, consolidant ainsi une domination économique de plus en plus mal vécue par les Lendu. Depuis lors les périodes de tensions interethniques ont été fréquentes, mais c’est en 1999, dans le climat général déstabilisant dû à la guerre, qu’elles ont dégénéré en violences généralisées lorsqu’un homme d’affaires hema tenta d’évincer des familles lendu de leurs terres. Cette première vague de violence fit quelques milliers de morts, et s’accompagna d’un renforcement des milices armées.
Depuis le début des années 1990, la déliquescence de l’État avait conduit les populations à s’organiser en mutuelles d’entraide ; c’est de ces regroupements à base ethnique que sont nées les milices. Circonstance aggravante, d’importantes communautés hema vivent de l’autre côté de la frontière ougandaise, le président Museveni étant lui-même originaire d’un clan hema. Les Hema du Congo pouvaient ainsi compter sur un soutien de leurs « frères » ougandais. Les armes affluèrent donc et une alliance de fait s’établit entre officiers ougandais et notables hema du Congo. Les Lendu quant à eux trouvèrent de l’aide auprès du groupe Nande, riches commerçants de la région de Béni-Butembo, en compétition avec les businessmen hema.
Le
conflit a rapidement dépassé les enjeux locaux pour cristalliser les rivalités
entre politiciens congolais d’une part, entre Rwandais et Ougandais d’autre
part. Ces derniers semblent avoir opté pour une politique de déstabilisation de
l’est du Congo, à la faveur de laquelle le pillage des ressources pourrait
continuer. C’est ainsi qu’ils favorisèrent une dissidence à l’intérieur du RCD
avec la formation de l’UPC, Union des patriotes congolais, formée de Hema sous
la houlette de Thomas Lubenga.
Les Nande représentés par le RCD-ML, rapatrié de Kisangani en Ituri, firent alliance avec Kinshasa, conscients que le marché principal du Congo se trouvait vers l’Ouest et non vers les petits pays pauvres de l’Est ; ils ont reçu leurs armes de la capitale et armé les miliciens lendu regroupés au sein d’une Armée populaire congolaise. Quant au MLC de Jean-Pierre Bemba il a, sans succès mais en ayant commis de multiples exactions dont des actes d’anthropophagie, cherché à étendre son influence dans l’Est.
Mais toutes ces configurations restent éminemment mouvantes. C’est ainsi qu’à la suite de la signature de l’accord de Lusaka en septembre 2002 entre Kinshasa et Kampala prévoyant le retrait des troupes ougandaises et la mise sur pied d’une commission de pacification de l’Ituri, l’UPC, se voyant marginalisée, s’est placée sous la protection du Rwanda, son actuel patron.
Elle a aussitôt bénéficié du soutien de combattants de la People’s Redemption Army (un des mouvements rebelles en Ouganda) armés par le Rwanda. En contrecoup, une partie des Hema a fait dissidence, derrière le chef Kahwa, faisant éclater l’Union des patriotes congolais. Au bout du compte, une dizaine de groupes rivaux se sont formés sous des étiquettes politiques qui masquent des intérêts politiciens et claniques et entretiennent une grande confusion.
Le plus virulent d’entre eux est sans conteste l’UPC de Thomas Lubenga. Sans doute parce que celui-ci n’ayant pas fait partie des signataires de l’accord « global et inclusif » de Pretoria du 17 décembre 2002 se sent libre de tout engagement.
Les Nande représentés par le RCD-ML, rapatrié de Kisangani en Ituri, firent alliance avec Kinshasa, conscients que le marché principal du Congo se trouvait vers l’Ouest et non vers les petits pays pauvres de l’Est ; ils ont reçu leurs armes de la capitale et armé les miliciens lendu regroupés au sein d’une Armée populaire congolaise. Quant au MLC de Jean-Pierre Bemba il a, sans succès mais en ayant commis de multiples exactions dont des actes d’anthropophagie, cherché à étendre son influence dans l’Est.
Mais toutes ces configurations restent éminemment mouvantes. C’est ainsi qu’à la suite de la signature de l’accord de Lusaka en septembre 2002 entre Kinshasa et Kampala prévoyant le retrait des troupes ougandaises et la mise sur pied d’une commission de pacification de l’Ituri, l’UPC, se voyant marginalisée, s’est placée sous la protection du Rwanda, son actuel patron.
Elle a aussitôt bénéficié du soutien de combattants de la People’s Redemption Army (un des mouvements rebelles en Ouganda) armés par le Rwanda. En contrecoup, une partie des Hema a fait dissidence, derrière le chef Kahwa, faisant éclater l’Union des patriotes congolais. Au bout du compte, une dizaine de groupes rivaux se sont formés sous des étiquettes politiques qui masquent des intérêts politiciens et claniques et entretiennent une grande confusion.
Le plus virulent d’entre eux est sans conteste l’UPC de Thomas Lubenga. Sans doute parce que celui-ci n’ayant pas fait partie des signataires de l’accord « global et inclusif » de Pretoria du 17 décembre 2002 se sent libre de tout engagement.
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