Pages

jeudi 1 novembre 2018

Une odeur de pétrole du Congo


La question de l’Ituri a pris une dimension nouvelle avec les perspectives pétrolières du lac Albert et de la Semliki, en plein sur la frontière ougando-congolaise, dans les zones d’affrontement Hema/Lendu des territoires de Djugu et Irumu. Depuis ces dernières années, le « Graben Albert » fait l’objet de recherches, de prospections et surtout de supputations plus ou moins hasardeuses sur son avenir pétrolier. L’intérêt des géologues pour le fossé du lac Albert ne date pas d’aujourd’hui : les premières prospections menées par Shell remontent à 1938, mais c’est seulement avec l’entrée en scène d’Heritage Oil que les choses deviennent sérieuses. La société, fondée en 1992, cotée en Bourse à Toronto, est contrôlée par Tony Buckingham, connu pour ses liens avec la sud-africaine Executive Outcomes, prototype des sociétés militaires privées pendant la guerre civile en Sierra Leone elle a assuré.... Il partage en outre des intérêts avec Salim Saleh.

Heritage Oil a fait l’acquisition en 1997 d’une zone d’exploration en Ouganda. La compagnie commence la sismique en 1998 et n’hésite pas à déclarer que l’Ouganda pourrait devenir le Koweït de l’Afrique ! La présence du colonel Khadafi, en juillet 2001, à la cérémonie de pose de la première pierre du nouveau palais du royaume de Toro, de ces royaumes anciens restaurés par Museveni, était de nature à conforter ces espérances. 
Les forages effectués à l’automne 2002 dans la vallée de la Semliki n’ont cependant pas été couronnés de succès et la question reste ouverte de l’avenir pétrolier de la région. 

En 2001, Heritage Oil obtient de Kinshasa une exclusivité d’exploration sur 30 000 km2, mais l’insécurité n’a pas permis le démarrage effectif des travaux. Différentes rébellions sont en effet en compétition pour le contrôle de l’Ituri, le MLC de Bemba, le RCD/ML de Mbusa Nyamwisi et l’UPC de Lubenga, alliée du RCD-Goma, qui aurait mis la main sur les territoires réputés les plus prometteurs. 

Bref, les perspectives pétrolières, aussi incertaines soient-elles, font naître de nouveaux espoirs et de nouvelles inquiétudes, ajoutant encore à la complexité d’un conflit régional que les intérêts internationaux pourraient infléchir dans un sens ou un autre s’il se confirmait que la région est riche en pétrole.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire