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jeudi 1 novembre 2018

De la guerre au pillage


concerne le Zimbabwe, les choses sont différentes car il n’existe aucun enjeu de proximité. L’aide financière apportée à Kabila – en attendant une véritable intervention militaire au cours de la deuxième guerre – relève à la fois de l’affairisme et d’une volonté politique de s’affirmer comme puissance régionale et contrebalancer l’influence grandissante de l’Afrique du Sud.

La question du financement ne peut être pleinement appréciée qu’eu égard aux richesses du sous-sol congolais. Depuis le début du xxe siècle, l’image du « scandale géologique » colle au Congo. L’Union minière du Haut-Katanga, avec ses productions de cuivre, de cobalt, de zinc, d’uranium, de manganèse, etc. a incarné toute la puissance d’une compagnie minière coloniale. Son héritière, la Gécamines, a été avec la société diamantifère Miba (Minière de Bakwanga, située à Mbuji Mayi, capitale du Kasaï oriental) un des socles de l’économie rentière du Zaïre de Mobutu. Si depuis le début des années 1990 la Gécamines accuse une crise profonde aggravée par la destruction des infrastructures de transport, l’exploitation du diamant a développé de nouveaux sites, notamment près de Kisangani, et celle de l’or se poursuit dans l’est du pays. Enfin, au cours des années récentes, l’extraction du coltan. 

Le coltan, abréviation de colombo-tantalite, est un... a connu un boom sans précédent au Kivu. Ce contexte minier est un élément essentiel de l’équation congolaise car, après avoir été le fondement de l’exploitation coloniale puis d’une prédation généralisée sous le régime de Mobutu, il alimente aujourd’hui les convoitises des voisins et alliés du Congo.

Le financement de l’AFDL a ainsi été gagé sur les gisements miniers et les perspectives de leur mise en valeur après conflit. Des contrats miniers avec des sociétés américaines, zimbabweennes, sud-africaines rapidement conclus – et dénoncés depuis pour certains d’entre eux – ont fourni l’argent frais nécessaire à la poursuite de la guerre. Les vrais problèmes pour Kabila ont commencé avec la paix et les exigences des alliés, surtout celles des « parrains », portant sur la répartition des « richesses » retrouvées du Congo. 

Kigali et Kampala eurent tendance à les considérer comme un butin qui devait couvrir, au minimum, leurs frais de guerre puis ceux de l’occupation de facto des régions orientales. Le pillage, forme guerrière de l’économie de rente, était inéluctable, dès lors que l’appropriation des ressources congolaises, de moteur de la guerre, en devenait le principal enjeu.

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