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jeudi 1 novembre 2018

La deuxième guerre du Congo : guerre civile ou guerre continentale


Moins de quinze mois après son entrée à Kinshasa, Laurent-Désiré Kabila rompit avec ceux qui avaient été les principaux artisans de sa victoire en se libérant de leur tutelle par un train de mesures prises le 2 août 1998 à l’encontre principalement des militaires rwandais qui s’étaient comportés à Kinshasa comme en pays conquis. La rupture, à laquelle les différents protagonistes se préparaient, fut suivie par la formation immédiate d’un mouvement rebelle, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), paravent derrière lequel agissaient le Rwanda et l’Ouganda, désormais adversaires résolus de leur ancien protégé. Très vite, les régions orientales et septentrionales furent sous contrôle de la rébellion. En revanche, les stratèges rwandais échouèrent dans une tentative audacieuse de prendre Kinshasa à revers : s’étant emparés du camp militaire de Kitona, à l’extrême ouest du Congo, grâce à une opération aéroportée à 1 800 kilomètres de leur base, leurs troupes d’élite ne parvinrent pas à prendre la capitale congolaise. 

Elles se heurtèrent à une farouche résistance des Kinois, et à l’intervention des alliés de Kabila. Ces combattants expérimentés furent vaincus par l’immensité du pays qui les coupait de leurs bases arrière, et par le sursaut patriotique de Congolais qui avaient développé un vif sentiment antitutsi durant la période où ils s’étaient sentis occupés par « les gens de l’Est. La rupture d’août 1998 fut suivie à Kinshasa d’une... ».

Cette nouvelle guerre du Congo a été qualifiée à juste titre de « première guerre continentale africaine » car, bien plus que lors de l’avancée de l’AFDL, un grand nombre d’États y sont directement impliqués. Du côté de la rébellion : le Rwanda, l’Ouganda, et le Burundi, bien que celui-ci, empêtré dans ses difficultés internes, n’ait été qu’un acteur effacé. Du côté de Kinshasa : l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie et le Tchad en une coalition hétéroclite dans laquelle les militaires angolais et zimbabweens ont tenu les premiers rôles. Les enjeux de ce nouveau conflit ne sont plus les mêmes. La menace hutue est conjurée, même s’il reste quelques milliers d’ex-FAR et interahamwe au Kivu. L’idéologie qui sous-tendait la croisade de Kabila a volé en éclats. La guerre est désormais une entreprise de pure prédation. À l’intérieur du Congo, les prédateurs habillés en chefs de guerre ou en leaders politiques ont entretenu une situation de guerre civile particulièrement éprouvante pour des populations déjà affaiblies par un sous-développement qui n’a cessé de s’aggraver depuis une décennie. À l’extérieur on ne songe qu’aux gains que peut procurer la mainmise sur les ressources naturelles du Congo, victime de son image de pays regorgeant de richesses.

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